L'Occupation Allemande de Juin 1939
à Septembre 1944

Fin mai 1940 et début juin, les Havrais fuient leur ville à l’annonce de l’arrivée des troupes allemandes. Abandonnant leurs biens sur les quais, ils embarquent sur n’importe quel navire sans même savoir où ils vont. Les raffineries sont incendiées volontairement le 9 juin, créant une atmosphère d’apocalypse. Le 11, le petit cargo Niobé explose et coule, touché par la bombe d’un stuka alors qu’il transportait des munitions. Sur ce navire s’étaient entassées plusieurs centaines de réfugiés…

A leur arrivée le 13 juin 1940, les Allemands transforment la ville et le port en base navale. C’est surtout au début de l’été 1940 que le port prend son importance militaire. Il accueille des navires de toutes sortes, rassemblés en vue du débarquement allemand sur les côtes britanniques (opération Seelöwe). Cette affluence de navires n’échappe pas aux yeux des avions d’observation de la R.A.F et les bombardements débutent, visant bien sûr la concentration des navires mais n’épargnant pas la ville.

Ainsi au mois de Septembre, les bombardements sont journaliers. A nouveau, les Havrais fuient leur ville pour se réfugier à la campagne. Les attaques sont effectuées à ce moment par de petits bombardiers, larguant des bombes de faible calibre (50, 100, 150 kg), touchant également la ville en de multiples endroits. Déjà de beaux édifices sont détruits : les Nouvelles Galeries, le Palais de la Bourse partiellement.

Messerschitt BF 110 survolant la plage et le boulevard Albert Ier, le long duquel on reconnaît le casino Marie-Christine.

 

 

1941

Avec l’abandon du débarquement en Angleterre et l’ouverture du front Russe, les navires disparaissent et le " calme " revient peu à peu en cette année 1941. Les Allemands édifient leurs premières batteries d’artillerie côtière au Cap de la Hève et sur les falaises (canon de 155 mm français), renforcent leurs batteries antiaériennes à la Hève (canons de 94 mm Vickers) et installent des batteries pour 8.8 cm Flak notamment sur les hauteurs du plateau de Caucriauville. C’est également à cette même époque que les principaux réseaux de résistance se renforcent : le réseau F.T.P., l’Heure H, le Vagabond Bien-Aimé entraînés par des responsables dont le nom restera gravé à jamais au Havre…

L'occupant affiche fièrement sa présence sur cette photo, prise du quai George V. En arrière du bassin du Commerce à gauche, l'Arsenal, puis les immeubles de la place de l'Arsenal et enfin ceux de la partie Sud de la place Gambetta. Au fond, l'hôtel brasserie "Tortini". A droite le monument au Morts.

1942

Cette année marque la recrudescence des bombardements : 9 mars, 1er, 2, 16 avril, 4 mai, 5 et 20 juin touchant non seulement les installations industrielles et portuaires mais la ville en elle-même, faisant de nombreuses victimes. Au terme de l’année, Le Havre compte la disparition de 354 de ses citoyens, 561 ont été blessés.

Les quartiers du bord de mer sont évacués en avril, leçon retenue par les Allemands après les raids de Saint-Nazaire et de Dieppe. Ils deviennent des no man’s land dans lesquels l’herbe poussera au milieu des rues. Les habitants doivent abandonner leur maison, sans parfois avoir pu emporter leurs biens, faute de moyens de transport.

Au Havre, rue Saint-Jacques, à l'angle de la rue de la Gaffe, une femme se lave les mains à une fontaine. Elle se trouve à l'extrémité Sud-Est de la zone interdite. En arrière, au delà de l'anse Notre Dame, le quai de l'Ile à l'angle de la rue Gal Faidherbe.

 

1943

Une année calme en ce qui concerne les attaques aériennes. Elle est surtout consacrée à l’édification des fortifications dans la ville, le port et les communes alentours. Le Havre est élevée au rang de " Festung " (forteresse), elle était auparavant " Schwerpunkt " (point d’appui lourd). La dernière division arrive en août : il s’agit de la 17 Luftwaffen Feld Division, unité de l’armée de l’air dont les régiments sont répartis sur le plateau de Caux(à l’époque Seine-Inférieure). C’est le Luft. Jäg. Regt. 33 qui occupe la forteresse devenue une importante base navale. Elle est visitée par plusieurs hauts gradés allemands dont l’amiral Friedrich Rieve ; puis en mars 1944 par le Feldmarshall von Rundstedt.

Canon de 88 mm antiaérien sur la plage.

1944


Les évacuations de la population débutent dès janvier pour les riverains des zones fortifiées : Bléville, Rouelles, Harfleur, Gonfreville l’Orcher, vers des communes plus " tranquilles " en dehors du Havre : Bolbec, Lillebonne etc…

En avril, les batteries d’artillerie lourde édifiées sur la falaise, les installations de radiodétection sont bombardées, et surtout la position d’artillerie de " la Corvée ", dont la construction de casemates pour canons de 380 mm est en cours. Cette batterie doit être neutralisée avant le débarquement allié, prévu non loin sur les côtes du Calvados, car elle pourrait atteindre de ses feux la future flotte d’invasion. Les attaques des 10 avril (lundi de Pâques), 9 mai, 3 juin, transforment le site du plateau de Bléville en paysage lunaire. Le quartier de Bléville, situé à proximité subit les effets dévastateurs des queues de vagues, touchant dans leur destruction aveugle femmes, enfants, etc.

La nuit du 5 au 6 juin 1944, marque l’annonce de la dernière alerte. Après cette date, les sirènes ne retentiront plus, Le Havre est en alerte permanente. Les Havrais contemplent au loin la flotte se dirigeant vers les plages du Calvados et entendent le grondement incessant des tirs d’artillerie sur la côte. Très haut dans le ciel, des vagues de planeurs se dirigent vers le Calvados. " Ils sont là ", si près, que la libération pourrait être proche…

Il faut attendre le début du mois de septembre pour que la ville et ses habitants connaissent le prix de la liberté…

Intérieur de l'église Notre Dame.
Le Christ surmontant l'une des chapelles des corporations (le long du bas côté sud), détruites le 5 septembre...