1a) Présentation
géographique :
Vaste plateau s’élevant
à 80m d’altitude en moyenne, il est situé au Nord Est du Havre entre
les vallées de Fontaine-la-Mallet à l’Ouest, de la Lézarde à l’Est
reliant Montivilliers à Harfleur, et de celle de la rivière de Fontaine
qui serpente au Sud, avant Rouelles. Il constitue le pendant du plateau de
Caucriauville urbanisé après la seconde guerre mondiale mais qui
comprenait comme celui d’Épremesnil de vastes champs appartenant à
plusieurs fermes.
Ces fermes sont typiquement
cauchoises et possèdent en périphérie un talus sur lequel sont
plantées une à deux rangées d’arbres protégeant du vent, les
bâtiments et le clos masure situés à l’intérieur. Ce type de ferme
" Cauchoise " est encore visible pour : la ferme Revet
(ex. point fort n° 5), la ferme Lemaire
(ex. point fort n° 6) et celle de la Coudraie (ex. point fort n° 3).
Deux propriétés, de plus
grande importance avoisinaient les exploitations citées
précédemment : le manoir d’Épremesnil (ex point fort n° 7) et
le château des Ardennes, à l’angle Sud-Est du plateau, dominant la
vallée de la Lézarde (ex point fort n° 10). Ce dernier fut détruit le
10 septembre 1944 au cours du bombardement préliminaire à l’assaut
pour la libération du Havre.
Ce plateau est le seul au
Havre resté vierge de toute construction et l’aspect qu’il présente
de nos jours est celui de l’époque.
1b) Haut lieu de
mémoire militaire :
Par ses fermes anciennes,
son manoir à la Bouteillerie, ses parcs du château et du manoir, le
plateau d’Épremesnil est le reflet d’une époque rurale riche et
prospère.
C’est surtout au cours de
la seconde guerre mondiale qu’il prend une importance stratégique car
ce plateau est devenu le secteur défensif Nord Est de la forteresse.
La ligne de défense est
retranchée derrière le fossé antichar (tranchée d’environ 4m de
profondeur et 6 m de largeur), précédé de réseaux de barbelés et de
champs de mines. Ce secteur regroupe une douzaine de points forts
aménagés dans les fermes ; car elles sont très propices au
camouflage d’armes. Des pièces d’artillerie (canons antichars),
mitrailleuses, lance flammes sont positionnés derrière le talus, des
tranchées creusées en arrière relient les postes de combat ainsi que
des petits abris destinés à protéger ces soldats. La majorité de ces
fortifications sont encore visibles de nos jours dans les points forts
n°5 et 6, mais surtout la point fort n° 5 qui a subi de plein fouet l’assaut
du 10 septembre 1944.
Le plateau domine d’autre
part la vallée de la Lézarde, devenue en ce début d’année 1944 un
vaste lac créé par la fermeture des écluses.
1c) La Bataille du
Havre :
Au début du mois de
septembre 1944, les Alliés ont déjà franchi les frontières de la
Belgique. La capture d’un grand port est vitale pour le ravitaillement
des troupes. Le 1st British Corps Britannique a en charge la
mission de prendre Le Havre. Après un assaut infructueux le 3 septembre
au-dessus d’Harfleur sur le plateau du Cantipou, puis l’échec des
négociations avec le colonel allemand commandant la forteresse du Havre
le 4, commencent alors les bombardements meurtriers sur la ville les 5 et
6 septembre 1944 (qui réduisent quasiment à néant la cité). Ce corps d’armée,
réparti en deux divisions (environ quarante mille hommes) composées d’unités
blindées et de moyens de franchissement d’obstacles, lance un assaut de
grande envergure pour percer les défenses allemandes au Nord-Est du
Havre, sur le plateau d’Épremesnil.
Pourquoi cet
endroit ? :
Dans le fossé antichar,
creusé hâtivement au début de 1944, il existe dans ce secteur deux
brèches propices à une pénétration de troupes. D’autre part, les
unités blindées doivent pouvoir se déployer sans se gêner, d’où
la nécessité d’une étendue assez vaste. L’étude des défenses
allemandes par l’état-major allié conduit les officiers à retenir
le plateau d’Épremesnil comme siège de l’assaut de grande
envergure en préparation. Ils numérotent les points forts tels que
présentés sur la carte et dans les tableaux joints à ce dossier.
La première phase de l’attaque
confiée à la 56ème brigade de la 49ème West
Riding Division est lancée le 10 septembre 1944, entre les lieux dits
Le Calvaire à Fontaine-la-Mallet et la
Belle-Etoile à
Montivilliers. Pendant toute la soirée puis la nuit, les fantassins,
appuyés des chars démineurs et des chars lance-flammes vont réduire
au silence un à un les points forts allemands, non sans pertes :
environ quatre cents soldats tombent sur le plateau sous les coups des
mitrailleuses et des mortiers. De même, de nombreux engins blindés
sont touchés ou détruits.
A minuit, l’objectif
est atteint : les troupes britanniques ont investi le plateau et
sont arrivées sur les hauteurs dominant la vallée de Rouelles. La
progression (phase II) assurée par d’autres éléments fraîchement
arrivés, pourra reprendre le 11 vers Le Havre qui ne sera libéré
définitivement que le 12 dans l’après midi.
1d) Situation
actuelle :
Ecrin de verdure, ce vaste
domaine est resté à son état rural et contraste totalement
avec : le plateau de Caucriauville, les zones d’activité de la
Belle-Etoile à Montivilliers et pavillonnaires à Fontaine-la-Mallet
qui ne cessent de s’agrandir. Comme coincé dans un étau, il contient
la dernière ferme en activité située sur le territoire de la ville du
Havre (les fermes des plateaux de la Mare-Rouge, du Mont-Gaillard, de
Bléville et de Caucriauville ont toutes été les victimes de l’extension
de la ville) et assure la jonction par la vallée de la Fontaine, au
parc de Rouelles, lieu de détente, de promenades, d’activités
sportives et siège de monuments classés tel que le pigeonnier de la
Bouteillerie.
1e) L’importance de
la mémoire associée à la sauvegarde du patrimoine :
Le plateau d’Epremesnil
est devenu par l’assaut de 1944, un haut lieu historique :
premières " terres du Havre " libérées, il est
également un exemple pour les écoles du génie militaire britannique
qui étudient cet assaut dans le cadre de la formation de leurs
officiers : jamais les Alliés n’avaient mis en œuvre autant de
moyens pour percer les défenses d’une forteresse allemande. D’autre
part, il a quasiment conservé son aspect originel : fermes et
masures de construction typique (briques, silex) ont pu être
sauvegardées malgré les bombardements
2a) Ferme " Revet ",
Point Fort n° 5
Sur le grand plateau d’Épremesnil
situé au Nord du Havre, la ferme de M. Revet (propriétaire actuel) fut
transformée comme ses voisines en bastion. Après l’évacuation des
propriétaires, la troupe s’installe dans le corps de ferme, la maison
sert de logis aux officiers et les travaux de fortification débutent.
L’excavation du fossé
antichar n’est exécutée lui qu’en 1944 : il passe à quelques
dizaines de mètres de la ferme mais n’est pas totalement achevé sur le
côté Nord du point fort. Cette brèche n’échappe pas aux Alliés qui
choisissent ce vaste plateau pour concentrer leur attaque terrestre le
10 septembre 1944.
C’est la 49ème
West Yorhshire Division et surtout les brigades blindées rassemblées
pour cette occasion, qui débutent l’attaque en premier à 17 h. 45.
Après de nombreux problèmes dus aux mines et aux tirs des pièces
antichars allemandes, les chars britanniques Crocodiles qui ont pu s’approcher
au plus près du point fort, viennent à bout de ses défenseurs grâce à
leur lance-flammes. A la vue de cette arme terrible, les derniers soldats
allemands se rendent aux fantassins du South Wales Borderers à 19 h. 51
(plus de deux heures après le début de l’assaut). La libération du
Havre peut débuter. Pendant les heures suivantes, les Alliés vont
progresser et prendre un à un les autres points forts jusqu’aux limites
de Rouelles qu’ils atteindront le 11 septembre vers 0 h. 00.
Le circuit a permis de découvrir ce point
fort depuis la route reliant Fontaine-la-Mallet à Montivilliers, tel que
l’ont vu les soldats britanniques au moment de l’assaut. Nous le
découvrons maintenant du côté de ses défenseurs allemands, en essayant
d’imaginer ce qu’ils ont pu ressentir en voyant arriver droit vers eux
ces centaines de blindés dont ils entendaient les moteurs rugir depuis
leur point de départ au Fontenay.
2c) Point Fort n° 1 : Casemate et poste d'observation surplombant
la vallée de Montivilliers
2d)
Point Fort n°2 : Sa situation en 1946. Seul l'ouvrage
enterré subsiste de nos jours. Il est envisageable de remettre une
tourelle de char sur cet ouvrage, grâce au musée de Bovington (GB) qui
nous a attribué le char devenu Mémorial à Fontaine-la-Mallet.
2e)
Point Fort n°6 : Vue de l'ouvrage en partie souterrain, à
l'angle Nord Est de la ferme.