Présentation géographique : Culminant entre 85 m et 97 m d’altitude, ce plateau domine la ville d’Harfleur à l’Ouest et la zone marécageuse de la Seine, au Sud. Comme ses voisins, il constitue à lui seul, un point stratégique et contrôle l’accès du Havre par la route de Rouen mais aussi celle de Tancarville.
Historique dans la bataille du Havre : Lieu de passage inévitable en venant par la route de Rouen, son importance stratégique n’échappe pas aux ingénieurs de l’Organisation Todt qui en font un poste avancé des défenses allemandes afin d’empêcher toute pénétration de troupes par ce secteur. Les Allemands vont là aussi mettre à leur avantage la topographie du terrain et les obstacles naturels existants : les fermes du Cantipou, du Mont-Cabert, protégées par leurs rangées d’arbres, leurs talus et situées sur des positions dominantes par rapport aux axes routiers (route Nationale venant de Rouen actuelle N15 et départementale D 982 provenant de Tancarville) vont devenir de véritables bastions. Ces fermes sont protégées par des champs de mines de toutes sortes vers l’Est (zone du camp Dolent). Le 2 septembre 1944, Douai est libérée, le 3, c’est au tour de Bruxelles. Il est urgent pour les Alliés de capturer un port en eau profonde pour assurer le ravitaillement de leurs troupes éloignées. Les premiers éléments de la 49ème West Riding Division (146ème brigade) qui ont traversé la Seine fin août aux alentours de Caudebec-en-Caux, arrivent à Saint-Romain de Colbosc le 1er. A ce moment, l’état major allié pense encore à une éventuelle capture rapide du camp retranché du Havre ou à une reddition des Allemands. Il est hors de question de lancer un assaut de grande envergure car les autres brigades de la 49ème West Riding Division (56ème et 147ème brig.) n’ont pas encore toutes franchi le fleuve et la 51st Highlander Division n’est pas revenue de Saint-Valery-en-Caux. Le premier contact que les troupes britanniques vont effectuer avec les défenses allemandes a donc lieu dans ce secteur, à l’Est du Havre. Elles engagent de violents combats le 2 à Gainneville en fin d’après-midi et ne gagnent que très peu de terrain car les Allemands se sont défendus farouchement avant de se replier dans la forteresse. Alors qu’une réunion cruciale se tient à Foucart au quartier général du 1st British Corps (corps d’armée commandant les deux divisions citées ci-dessus) pour la préparation de la prise du Havre, les Britanniques lancent dans l’après-midi du 3 septembre un deuxième assaut depuis Gainneville, dont l’objectif principal est le point fort du Mont-Cabert. La possession de cet emplacement surplombant l’important goulet de la Brèque est vitale pour la suite de l’investissement du Havre. Mais les soldats anglais sont pris sous le feu des armes automatiques allemandes des points fortifiés du Cantipou et du Mont-Cabert appuyées par les tirs des batteries de Caucriauville. Ils tombent également dans le piège des champs de mines, très concentrées dans ce secteur. L’objectif est alors abandonné. Ils perdent au cours de cet assaut dix soldats, trente-cinq sont blessés. Après cet échec l’Etat-major allié convoque le soir des parlementaires allemands dans la maison de l’ancien maire de Gonfreville-l’Orcher, le long de la Nationale 14 (actuelle R.N.15, maison toujours existante) et leur adresse un ultimatum, pensant encore à une possible reddition. La réponse du Festungskommandant (commandant de la forteresse), le colonel Wildermuth, qui parvient le 4 septembre est un " non " catégorique. La tragédie qui va se dérouler au Havre le 5 et les jours suivants trouve naissance à ce moment sur les hauteurs d’Harfleur. Elle est devenue à cette date irréversible… La prise définitive du plateau : ce n’est qu’au cours des combats du 11 septembre au matin que les troupes britanniques (KOYLI - 146ème brigade) investissent les hauteurs dominant Harfleur, à la faveur du soleil (les Allemands l’ayant à ce moment face à eux), mais cette opération ne se réalise pas sans difficultés. A nouveau, les pertes sont nombreuses… Après la libération du Havre et jusqu’en 1946, ces hauteurs furent exploitées par les troupes américaines qui y implantèrent l’un de leurs camps pour GI’S. Il s’étendait du Mont-Cabert à Gainneville et portait le nom de " Philipp Moris ". Le plateau aujourd’hui : Longtemps laissées dans l’oubli, ces terres possédaient encore en 1995 leurs fermes fortifiées. De la route nationale, des soubassements des baraquements américains restaient visibles. Au moment de la création de la ZAC du Camp Dolent, de vastes emplacements furent remaniés pour y construire routes, bassin d’orage, le centre commercial Leclerc Océane et la zone d’activité. Ainsi il ne subsiste aujourd’hui que la ferme du Mont-Cabert et le bois contigu ; épargné, le site de la Belle-Aurore, dominant Mayville et la Seine. Le parcours de promenade entre ces deux sites offre une vue inhabituelle sur la zone industrielle et l’embouchure de la Seine au Sud, les villes d’Harfleur, du Havre vers l’Ouest et les côtes du Calvados si le temps le permet, ainsi que vers les plateaux de Caucriauville et d’Épremesnil au Nord. Par ces excellents points dominants, permettant d’observer les autres plateaux, le promeneur, connaissant l’histoire des combats pour la libération du Havre peut comprendre ici facilement, l’enchaînement des pénétrations des troupes britanniques. |