Présentation géographique : Culminant à 85 m d’altitude moyenne, ce plateau constitue la partie Nord Est de la nouvelle ville du Havre. Il domine :
Bref historique : Au début du siècle, les communes de Graville, d’Harfleur et de Rouelles se partageaient la partie orientale de ce plateau. Il possédait plusieurs fermes dépendant du Château de Montgeon dont les champs venaient jouxter ce qui deviendra Aplemont (à l’Ouest) et la plaine de Soquence (au Sud). Avec la poussée de l’industrie vers l’Est du Havre, l’habitat ouvrier progresse vers le Nord et l’Est et part à l’assaut du plateau d’Aplemont où se construisent de nombreux pavillons et jardins. Cette croissance est favorisée par l’accessibilité plus aisée du plateau grâce au tramway (1912) puis la création d’un escalier roulant mécanique (1928). Au cours de la seconde guerre mondiale, sa position stratégique en fait une véritable tour de guet dans le système défensif allemand : dès 1940, les troupes d’occupation installent une batterie antiaérienne équipée de six canons de 88 mm Flak (D.C.A.) opérant avec celle installée sur la plage et une autre à proximité de l’aéroport (cette disposition en triangle, permettait une parfaite couverture de l’espace aérien du Havre). Au moment de la transformation du Havre en Festung, ce plateau va constituer le bastion Est de la ville et de nouvelles fortifications y sont implantées :
Enfin, pour protéger l’ensemble du plateau, une série d’ouvrages équipés d’armes antichars et contre l’infanterie sont construits. Ainsi, la protection arrière du plateau (côté Nord) est assurée par plusieurs ouvrages pour cloches blindées (du type de celle de Dondenéville décrite dans ce dossier). Le long des escarpements Est (vers la Lézarde) et Sud (au-dessus de La Brèque et de Graville), une série de casemates dont les feux se recoupent, sont construites pour prendre ces secteurs en enfilade, interdisant tout escalade du plateau par l’infanterie. Ces ouvrages, construits dans la pente et étudiés spécialement pour ce type de topographie, sont les seuls subsistants de nos jours. Sur le plateau, les bunkers ont pour la plupart été détruits ou ensevelis entre les bâtiments du type H.L.M. édifiés à partir des années 1960. La Bataille du Havre : Ce véritable bastion posa quelques soucis aux Alliés lors de la capture du Havre en 1944. Le 6 septembre, un violent bombardement visant ce secteur fortifié a lieu pendant deux heures, mais la médiocre précision des largages fait que les bombes tombent également : sur le quartier des Acacias (obstruant la galerie en construction du tunnel Jenner où s’étaient réfugiées 326 personnes, 319 périssent étouffées) ; les quartiers de Graville et Aplemont, dont les maisons ne peuvent résister aux bombes de 500 kg et une tonne. Sous ce déluge de projectiles (1504 tonnes d’explosifs sont déversées) les habitants se terrent dans leurs caves ou leurs jardins. Dans la soirée du 10 septembre 1944, le plateau est à nouveau visé pour affaiblir ses défenseurs, les troupes britanniques ayant débuté leur progression sur le plateau d’Épremesnil. A nouveau, Aplemont et Graville sont la proie des bombes destinées aux bunkers… A la libération (11 septembre 1944 pour ce secteur), les soldats britanniques ne trouveront que des pavillons effondrés. Le nombre de victimes ensevelies sous ces ruines est impossible à déterminer, 591 logements sur 725 sont détruits, Aplemont est touché à 80%… Ce n’est que le 11 septembre que les éléments de la 147ème brigade de la 49ème West Riding Division investissent le plateau de Caucriauville non sans pertes pour ne libérer totalement cette zone que le 12 en fin de matinée. Les canons de 88 mm Flak, redoutables pièces destinées à tirer sur les avions à haute altitude, ont été orientés pour faire feu contre les chars britanniques et ont été très dévastateurs. De plus, le maillage serré des bunkers équipés de mitrailleuses a augmenté les difficultés de progression, ce qui fait que les britanniques ont perdu dix hommes au cours de cette bataille, une vingtaine ont été blessés. Malgré tout, la capture du plateau dominant le nœud routier et ferroviaire de la Brèque fut capitale : en effet, les troupes provenant des hauteurs d’Harfleur, étaient sous le feu constant des ouvrages de Caucriauville, freinant toute progression vers le centre du Havre et le port. Le plateau aujourd’hui, les ouvrages subsistants et les travaux envisageables : Urbanisé totalement à partir de 1960, Caucriauville est devenu l’un des quartiers limitrophes du Havre mélangeant des immeubles de 5 à 12 étages à des zones de pavillons. L’ancien quartier d’Aplemont a lui aussi été reconstruit suivant un tracé totalement différent de l’ancien : les rues à angle droit succèdent maintenant aux anciennes d’orientations différentes ; il a cependant gardé son aspect pavillonnaire. Seuls les ouvrages construits dans les escarpements de la corne Sud Est du plateau subsistent car difficilement accessibles : la dénivelée est importante et ils sont enfouis sous une végétation dense, régulièrement sujette aux incendies lors des fortes chaleurs d’été. Cette difficulté les a préservés, leur permettant de garder encore pour certains, les noms de baptême donnés par leurs occupants, ainsi que les parties métalliques (plaques de blindage des embrasures de tirs, épiscopes, portes) régulièrement ferraillées sur les bunkers accessibles.
1943: casemate pour mitrailleuse du type Regelbau R620,camouflée par ses filets. Seul l’extrémité du canon de la mitrailleuse MG 34 est visible sur la gauche ainsi que les obturateurs de visée (à droite). Les soldats retranchés derrière ce blindage de 20 cm d’épaisseur de métal sont quasiment invincibles.
Batterie Le Gros - Casemate R630 (N°13 sur le plan)
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