Central téléphonique du colonel allemand commandant la place du Havre
Ce secteur comportait de nombreuses villas, qui firent l’objet entre 1940 et 1944 de la convoitise des différents états-majors implantés au Havre. Les officiers généraux allemands occupaient ces confortables propriétés qui avaient de plus une position dominante sur la ville et le port.
Il est donc logique qu’une suite d’ouvrages bétonnés ait été construite dans ce secteur : abris reliés aux villas et accessibles rapidement pour assurer une protection optimale aux officiers en cas de bombardement, ouvrages d’observation et de défense, postes de commandement etc… tous camouflés et harmonieusement intégrés dans le site de manière à na pas être repérés par l’aviation alliée.
Ces blockhaus peuvent être classés en deux types : à haute protection ou Regelbau (murs et plafonds de 2 m d’épaisseurs) ; petits ouvrages adaptés à la topographie locale, adroitement dissimulés dans les jardins ou derrière les murs de soutènement…
Il faut également imaginer un périmètre défensif et divers barrages de rues (constitués de chevaux de frise, de réseaux de barbelés et de mines) destinés à interdire l’accès au secteur, hautement surveillé (La rue F. Faure est interdite à la population le 17/04/1942). Max Bengtson, qui à 18 ans travaillait aux terrassements d’un blockhaus (d’env. 20 m au carré) à quelques mètres à l’Ouest de la propriété « Bosphore » (actuel n° 134 rue F. Faure, ex propriété de M. Breton notaire), dont les sous-sols servaient également d’abri à la troupe, se souvient : « tous les immeubles de la rue étaient occupés depuis les premiers mètres de la partie basse et jusqu’à environ 100 m avant la station haute du funiculaire. L’entrée était interdite au public à l’exception des ouvriers français en possession d’un Ausweis. Les rues débouchant sur la rue F. Faure et les escaliers étaient barrés par des chevaux de frise à proximité desquels des mines avaient été disposées. Ce qui valu des accidents tragiques comme celui du 4 juin 1942 (cf Presse locale), où deux ouvriers furent grièvement blessés… »

Cet ouvrage, parmi les plus importants du secteur, est construit dans le mur de soutènement donnant rue G. Monod.
Il comporte 7 salles (reliées par un couloir) pour les officiers d’état-major (salles de travail, de cartes, de repos) et également un central téléphonique relié à l’ensemble des points forts de la forteresse.
En 1944, l’ouvrage était muni côté Ouest d’une avancée empiétant sur la moitié de la rue et comportant une visière d’observation. Cette proéminence faisait également office de casemate ou poste de défense de l’accès à l’ouvrage.
Notons dans l’entrée Ouest du bunker le marquage sur la partie haute du mur « Hak 019 », signifiant : point fort n° 19 du secteur côtier k : Küsten, Ha pour « Le Havre ».
Le bunker était relié à la propriété située au-dessus (au n° 122 rue F. Faure, propriété d’un notable) par un couloir souterrain menant à un ouvrage situé de nos jours devant la maison. Comme les villas alentours, cette habitation était occupée par les officiers généraux et comportait son propre abri auquel ils pouvaient accéder directement.
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